Unité Pastorale St François Mons-Est

Méditation 2ème dimanche de carême B – 28 février 2021

 

Évangile de saint Marc, chapitre 9, 2-10

 

D’ici, Dieu me fait voir son point de vue.

Si nous suivons notre père Abraham, il nous faudra monter sur la montagne, c’est là que Dieu lui fixe rendez-vous.
Si nous suivons Jésus, le Fils aimé du Père, il nous faudra monter sur la montagne, c’est là qu’il nous attend, tout au sommet.

Vous l’avez compris, nous ne pourrons pas ce dimanche, renoncer à monter.
Adopter le point de vue de Dieu, c’est quitter le plancher des vaches.
Que pouvait-il bien avoir en tête, Abraham, quand Dieu lui avait dit de prendre son fils unique et de se rendre vers une montagne qu’il ne connaissait même pas ?
Dieu lui avait seulement dit de lui offrir son fils.
N’est-ce pas normal d’offrir à Dieu ce qui vient de lui : surtout quand c’est le fils miraculeux, dont la naissance a tant fait rire de joie ses parents et pas que, Dieu aussi, puisqu’ils l’ont même appelé : « Dieu a ri : Isaac ».
N’est-ce pas normal qu’un papa se détache de son enfant et ne le traite pas comme sa propriété ou comme son domestique ?
Alors, pourquoi Abraham a-t-il chargé de bois son âne et pris un couteau ? Pourquoi lie-t-il son fils sur l’autel ?
Il a mal compris l’ordre de Dieu, il l’a interprété de travers à la manière des gens de sa culture.
Mais enfin !, offrir son fils à Dieu, est-ce le tuer ou vouloir le rendre libre, le rendre à lui-même, libre d’être lui-même, libre de faire sa vie… ?
Au sommet de la montagne, deux belles révélations vont éclater :
– D’abord celle de la confiance totale qu’Abraham porte à son Dieu. C’est géant !
– Ensuite, la vérification que le Dieu d’Abraham est bien le Vrai Dieu, le Dieu de la vie, le Dieu qui libère, le Dieu qui sauve, le Dieu de la joie, le Dieu du rire…

Et les trois apôtres emmenés par Jésus sur la montagne, qu’est-ce qui pouvait bien trotter dans leur tête ? Jésus venait de leur parler de ses souffrances et de sa mort. De sa résurrection aussi, mais ça, ça n’imprimait pas !
À peine arrivés au sommet, ils virent du jamais-vu !
Vision éblouissante de Jésus devenu lumière aveuglante. Entouré des grands de la montagne : Moïse, Elie. Jésus au milieu, en grande conversation avec eux.
Transportés hors du temps : n’existe plus que le présent de Dieu.
Présent d’éternité que rien ne peut troubler, sauf la parole divagante de Pierre qui n’en manque jamais une, parlant de tentes et d’installation…
La sanction est immédiate. Une nuée met fin à la vision et des ténèbres une voix se fait entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !
Et puis, plus rien. Jésus. Et eux, plantés là, à se demander ce qui leur est arrivé !
À se demander pourquoi Jésus les a fait monter si haut, pour une vision hors-sol, déconnectée de toute réalité ?
Pourquoi ? Si ce n’est pour entendre la voix. Pourquoi ? Si ce n’est pour écouter le Fils bien-aimé quand il parle. Pourquoi ? Si ce n’est pour l’écouter jusqu’au bout quand il dit : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit tué et que, trois jours après, il ressuscite.

Non, Pierre, il n’est pas bon pour toi de vouloir arriver au but avant de t’être mis en marche, derrière lui, à sa suite ; il n’est pas bon pour toi de t’installer dans ta folie de grandeur et de réussite à bon marché, comme il ne sera pas bon pour toi de t’endormir quand il te demandera de veiller pour ne pas entrer en tentation et connaître du coup la déconfiture de renier ton Maître, ton Rabbi, ton Ami.
Ce jour-là tu comprendras pourquoi il t’a emmené si haut sur la montagne : le jour où tu auras glissé dans la honte et l’infamie et manqué ton heure de gloire où tu aurais pu, là pour le coup, témoigner courageusement qu’il est le Messie, le Christ, le Fils du Dieu vivant.
C’est là que réside la gloire, la vraie, d’être un homme à la hauteur du Fils de l’homme.
C’est là qu’est l’extraordinaire : dans l’ordinaire de la vie quotidienne, de la vie de tous les jours, de la vie tout court.
Mais comme tu continues encore pour le moment à prendre tes rêves pour la réalité, comme les autres de la bande d’ailleurs, mieux vaut pour le moment ne pas parler de l’homme, l’image de Dieu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.
Avant d’avoir, calmement, humblement, devant la croix, adopté le point de vue de celui qui par son Amour infini transcende le temps et conduit l’histoire à son terme dans la lumière éternelle de Dieu.
Ils se demandaient entre eux ce que voulait dire : ressusciter d’entre les morts 

Michel Diricq

Transfigure-nous par ta lumière

Seigneur, Jésus-Christ,
Tu soutiens notre marche alors que, d’un pas titubant,
nous prenons la route à ta suite :
quand nos yeux s’embuent et ne voient plus le chemin,
assure-nous de ta présence.

Quand notre cœur devient lourd
devant l’ampleur de nos croix et l’horreur insupportable
de nos souffrances quotidiennes,
emplis-nous de la confiance sereine
de te savoir étroitement à nos côtés
alors que nous te croyons absent.

Quand nos erreurs et nos faiblesses,
nos manques et nos ruptures ne nous font plus espérer
ton pardon et ne nous ouvrent plus à ton amour,
donne à nos sombres visages,
transfigurés par la lumière pascale,
d’être des signes de ton évangile.

Rodhain Kasuba, dans Prions en Église, février 2021

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