Unité Pastorale St François Mons-Est

Méditation 28ème dimanche ordinaire B – 10 octobre 2021

Elle est forte, celle-là !

Frères et sœurs,

Vous êtes certainement venus à cette célébration en courant comme cet homme de l’Évangile oubliant même votre chapeau et vos sous pour la collecte…
Vous vous êtes certainement prosternés aux pieds du Saint-Sacrement avec une seule idée en tête, lui poser la question : Qu’est-ce que je dois faire pour hériter de la vie éternelle ?
Non ?
En tout cas, c’est ce qu’a fait ce type.
Et, il y a même mis les formes : Bon Maître, qu’il a dit. Totale sympathie, totale soumission !
Et ne voilà-t-il pas qu’il se fait remettre à l’ordre : Pourquoi m’appelles-tu bon ?
Elle est forte, celle-là ! On ne peut même plus dire à quelqu’un qu’il est bon !

Dieu seul est bon, dit Jésus et en te disant ça, je réponds déjà à ton désir de vie éternelle. Car, ce n’est pas rien ce que tu demandes !
C’est beau ce désir en toi de « Vie éternelle ». C’est un reflet du désir même de Dieu qui t’a créé pour vivre en son amour pour toujours.
Mais pour y parvenir, il y a du taf !
Il y a bien sûr les commandements : ces paroles d’amour pour les débutants, la barre la plus basse en fait : ne pas tuer, ne pas voler…Il ne manquerait plus que ça, que tu dis ! C’est bien ce que tu penses et c’est sans doute ce que tu suis, alors tu vois, ce n’est vraiment pas ça qui peut s’appeler : être bon… !
Oui, tu veux aller plus loin, plus haut. Eh bien ! Je vais mettre la barre à la hauteur de ton désir.

Jésus le regarda et il se mit à l’aimer.
Et il commença son coaching :

1. D’abord, mon frère, tu as mal posé ta question.
Tu m’as demandé : Que faut-il faire pour avoir la vie éternelle ?
Je te réponds : il ne faut pas « faire », il faut se « laisser faire » et se « défaire » : tout est là !
La Vie éternelle n’est pas une possession. Et elle n’est pas non plus une récompense de tes bonnes actions.
La vie éternelle est une dépossession : « Heureux les pauvres ! À eux le Royaume du Cieux ! »…
Il ne s’agit pas d’avoir plus. Il s’agit d’avoir moins ! Ce qui te manque, c’est de manquer : Une seule chose te manque, donne tout aux pauvres !
C’est un moins pour un plus. C’est bien ça que tu veux : toujours plus… ?

Eh bien ! Je te propose d’avoir toujours moins pour être plus !…
La Vie éternelle n’est pas à chercher du côté de l’avoir mais du côté de l’être, du côté de la vie, du côté de la relation, de la communion, de la gratuité, de l’amour…
L’Infini, c’est ce qui ne finit pas de jaillir de la vie vers la Vie…
L’infini, c’est ce qui commence depuis toujours ! Si bien que la Vie éternelle, c’est aujourd’hui, c’est maintenant et ce sera encore demain…
Au fond, c’est vivre continuellement sous le regard de Dieu en se laissant envelopper de son amour.
C’est bien là que réside toute la difficulté : soit se laisser posséder par Dieu, soit se laisser posséder par ses richesses.

Si tu veux garder tes richesses, ce sont elles qui vont te posséder ! Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent !
Te voilà, mon frère, confronté à ton propre choix : l’Amour ou l’Argent.
Je vois que tu hésites. Le poids des richesses te fait renoncer à ce que tu désires de plus cher ! Tu n’y gagneras pas la joie. D’ailleurs, je vois déjà ton visage s’assombrir et la dépression te guetter…
Trouveras-tu assistance avant que la mélancolie ne te fasse perdre pour de bon tout désir généreux ?

« Il devint sombre et s’en alla tout triste… ». Lui qui accourait vers Jésus avec l’espoir d’y trouver un bonheur infini.
L’Évangile nous parle de la tristesse de cet homme mais il nous parle aussi de la tristesse de Jésus qui s’exprime dans cette lamentation reprise trois fois : Comme il est difficile pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu !
Avec image à l’appui : Plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu !
Alors on comprend la réaction des disciples : Mais, elle est forte celle-là ! Alors, qui peut être sauvé ?!
Et sans ambiguïté, Jésus répond : Personne !
Sauf, si l’on se laisse faire. Si l’on se laisse porter. Si l’on ne résiste pas à l’Esprit qui gémit en nous, si l’on se laisse pétrir par la Parole de Dieu.
Alors, tout devient simple !
Pour devenir la mère de Dieu, il a suffi que la Vierge Marie dise en son cœur : Voici la Servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi selon ta Parole.
Marie : Mulierem fortem !
Oui, elle est vraiment forte, Celle-là !

Abbé Michel Diri

 

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