Méditations hebdomadaires

Méditation : 33ème dimanche ordinaire A – 15 novembre 2020

« Ma peur est ma pire ennemie, Seigneur, libère-moi ! »

L’année liturgique 2019-2020 (A) touche à sa fin. Elle se conclura avec la fête de Jésus Christ, Roi de l’univers, célébrée cette année  le dimanche prochain, 22 novembre !  
La lecture de l’évangile de Matthieu qui nous est proposée aujourd’hui (Mt 25, 14-30), fait  suite à celle de dimanche passé, avec les fameuses  « dix jeunes filles  invitées à des noces », et qui attendaient l’Epoux qui tardait à arriver !
C’est entre cette dernière parabole et la vision du jugement dernier (Mt 25, 31-46) qui est retenue pour la fête du Christ-Roi que se trouve insérée la « parabole des talents » que nous méditons ce dimanche ! Tout le 25ème chapitre fait partie de l’annonce sur  la fin des temps dans l’évangile de Matthieu (Eschatologie).
Nous ne devons donc pas perdre de vue la perspective du  retour du Christ, pour mieux saisir la portée du message que veut nous livrer la Parole de ce jour, pour nourrir notre foi. 
Pour notre méditation, je vous invite à contempler ensemble ce récit imagé dans ces trois scènes principales.

  1. « Comme un homme qui part en voyage. Il appelle ses serviteurs et leur confie ses biens. Puis il partit. Ce « voyageur », c’est le Christ. Ressuscité, il est monté auprès du Père. Il reviendra. Les serviteurs, ce sont les disciples (chacun de nous), à qui est confiée la mission d’annoncer et bâtir le Royaume, chacun selon ses capacités. Nous retiendrons ici que l’initiative du « Voyageur » de confier ses biens à « ses serviteurs » n’a rien d’ordinaire. En effet, de ce fait, il fait de chacun d’eux un « ouvrier » du Royaume, un « envoyé ». Ils sont associés au projet de Dieu qui veut renouveler la face de la terre. Jésus se reconnait dans chacun de ces hommes, tels qu’ils sont. Il leur confère une confiance absolue, au point de voir en eux bien plus que des serviteurs : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis…»
    (Jn 15, 15). Aujourd’hui, ces serviteurs et amis, c’est chacun de nous !
  2. « Aussitôt, celui qui avait reçu cinq…, deux talents s’en alla pour les faire valoir. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître ». Les deux premiers serviteurs ont ouvert leur cœur au plus grand des talents que tous les disciples ont reçu en commun : le Saint Esprit. « Jésus souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22). Mus par la force de l’Esprit, ils se mettent au service de la communauté. En l’absence du maître, « saisis par l’amour du Christ » (2 Cor 5,14), ils n’envisagent pas les temps de la fin comme une épée de Damoclès posée au-dessus de leurs têtes.  Ils prennent le risque de remettre en jeu tout ce qu’ils ont reçu et ce qu’ils sont au service de la communauté.  Le feu de l’Esprit brûle en eux. Ils travaillent à le répandre autour d’eux et « il porte du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un » (Mt 13, 23). C’est le temps de l’Eglise. Ils s’y adonnent.
    L’amour inconditionnel de Dieu les précède sur le chemin. En Jésus Christ, la vague de la miséricorde divine a inondé à jamais leurs cœurs. Ils ont expérimenté dans leur vie  que Dieu est avant tout Père, et pas  un juge, car « sa miséricorde l’emporte sur le jugement » (Jc 2,13).
    Ce qui est à l’opposé du troisième serviteur qui a une si triste image de Dieu : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur… ». A l’entendre, Dieu est à la fois « juge et patron injuste». C’est parfaitement la description qui ressort de la remarque que le fils aîné adresse à son père dans la parabole du « Père Miséricordieux »: « il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau… mais quand ton fils (son frère cadet)  qui a dévoré ton bien avec des prostituées revient, tu as tué pour lui le veau gras… »
    (Lc 15, 29-30). Ce Dieu justicier, et qui rétribue selon les mérites, fait peur et terrorise. Cette image de Dieu étouffe et rend stérile tout talent. Le serviteur qui s’en imprègne devient résigné et impuissant, face à tant d’adversités dans ce monde. Son ou ses talents s’en trouveront « enfouis » sous terre, de peur de tout perdre.… Car là où les deux premiers ont répondu à la confiance du maître par la confiance, lui trouve refuge dans la méfiance. La peur et l’amour ne peuvent pas faire ménage ensemble !

  3.  « Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes ». Nous y sommes. A son retour, il aurait tant voulu que tous ses serviteurs « jubilent et soient comblés de  sa joie ».  Plus qu’une sentence, son adresse aux deux premiers serviteurs est une invitation aux noces. C’est un chant de fête qu’il entonne pour chacun d’eux en les accueillant: « Très bien, serviteur bon et fidèle… entre dans la joie de ton maître ! » (Mt 25, 21,22).
    Pourtant l’immensité de son amour ne veut laisser personne en dehors de la fête ! Même pas celui qui, par peur et par méconnaissance, « alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître » ! Jésus l’affirme ailleurs avec ces mots : « telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés…» (Jn 5,36). Des mots qui rejoignent aussi le tendre murmure du père de la « parabole du Père Miséricordieux » à l’oreille de son fils aîné qui refusait de se joindre à la fête : « Toi, mon enfant, tout ce qui est à moi, est à toi…Il fallait festoyer et se réjouir… !». (Lc15, 13). Car en Jésus Christ, nous ne sommes plus des esclaves, soumis à la Loi et à l’esclavage du péché. Nous sommes libérés de la peur. Nous sommes héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ (Rm 8, 17). « Bien aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu, – et nous le sommes » (1 Jn 3, 1).
    Pour qu’advienne le règne de Dieu, il appartient à chacun de nous de faire valoir les innombrables talents qui nous été confiés. Loin de nous la peur. Dieu est ce Père qui nous aime.
    Abbé Barnabé Ikana
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